MANIPULATION MENTALE ET DÉRIVES SECTAIRES Philippe-Jean Parquet : les 9 critères pour
caractériser l’emprise Pour Philippe-Jean Parquet, consultant et référent ministériel, les organisations à caractère sectaire
« se transforment et présentent des visages différents. Elles utilisent des processus, appelés
quelquefois manipulations mentales, qui induisent un état psychologique original, l’emprise mentale. » Elles s’adaptent aux besoins et attentes
de nos contemporains et proposent des théories et des méthodes ayant trait à la santé et au développement personnel, au
bien-être, à l’écologie et moins à des thèmes pseudo-religieux et ésotériques. Un
changement d’échelle est également perceptible : elles forment de petits groupes moins détectables. Cette
nouvelle forme en augmente le caractère nocif. De la même manière que les organisations
classiques, « ces groupuscules
asservissent les personnes, induisent des dommages et coupent les victimes de
leur famille, de leur activité professionnelle et de la société. » Cet asservissement conduit même ces victimes « à commettre des actes
dommageables voire répréhensibles qu’elles n’auraient pas commis
antérieurement ». Le professeur Parquet a établi une grille de critères pour pouvoir
caractériser l’emprise mentale. Pour porter le diagnostic, il faut que cinq des
neuf critères soient établis. Ces critères sont : 1. Rupture imposée avec les modalités antérieures des
comportements, des conduites, des jugements, des valeurs, des sociabilités
individuelles, familiales et collectives ; 2. Occultation des repères antérieurs et
rupture dans la cohérence avec la vie antérieure et acceptation par une personne que sa
personnalité, sa vie affective, cognitive, relationnelle, morale et sociale
soient modelées par les suggestions, les injonctions, les ordres, les idées,
les concepts, les valeurs, les doctrines imposées par un tiers ou une
institution, ceci conduisant à une délégation générale et permanente à un
modèle imposé ; 3. Adhésion et allégeance inconditionnelle, affective, comportementale,
intellectuelle, morale et sociale à une personne ou à un groupe ou à une
institution : ceci conduisant à une loyauté exigeante et complète, une
obéissance absolue, une crainte et une acceptation des sanctions, une
impossibilité de croire possible de revenir à un mode de vie antérieur ou de
choisir des alternatives, étant donné la certitude imposée que le nouveau mode
de vie est le seul légitime ; 4. Mise à disposition complète, progressive et extensive de sa vie à une
personne ou à une institution ; 5. Sensibilité accrue dans le temps aux idées, aux concepts, aux
prescriptions, aux injonctions et ordres à
un « corpus doctrinal » avec éventuellement mise au service de
ceux-ci dans une démarche prosélyte ; 6.
Dépossession des compétences d’une
personne avec anesthésie affective, altération du jugement, perte des repères,
des valeurs et du sens critique ; 7. Altération de la liberté de choix ; 8. Imperméabilité aux avis, attitudes, valeurs de l’environnement
avec impossibilité de se remettre en cause et de promouvoir un
changement ; 9. Induction et réalisation d’actes gravement
préjudiciables à la personne, actes qui antérieurement ne faisaient pas partie de la vie du sujet. Ces
actes ne sont plus perçus comme dommageables ou contraires aux valeurs et au
mode de vie habituellement admis dans notre société. Ces 9 critères doivent permettre
d’identifier avec rigueur l’emprise sectaire et « de ne pas imputer à tort
un changement d’attitude et de comportement, qui pourrait avoir d’autres
origines comme une pathologie mentale, un trouble de la personnalité ou la
réaction à une perturbation survenue dans la vie d’une personne. » Lorsqu’ils ne sont pas des cibles
directes, les enfants et les adolescents
sont les « victimes des croyances induites chez leurs parents, ils en
subissent les conséquences : malnutrition due à des régimes carencés,
absence de vaccinations et de traitements lorsqu’ils sont malades, déficit des
acquisitions scolaires, formatage de la personnalité… ». Il arrive
également qu’ils soient directement confrontés dans le cadre de rattrapage
scolaire ou d’aide au développement de la personnalité : « On leur
propose des méthodes, des activités, des environnements voire des scolarités
complètes qui conduisent à les mettre sous tutelle et en faire de futurs
adeptes. » Le professeur Parquet a participé à la
rédaction de la bande dessinée proposée par l’ADFI du Nord. L’objectif est
« de rendre les enfants capables de repérer les sollicitations qui
pourraient leur être dommageables et permettre aux parents d’être plus capables
de repérer ces sollicitations et d’en protéger leurs enfants. » Source : La Voix du Nord, 04.02.2014 |